Prise en charge des traumatismes - Mars 2022

Certains parcours de vie sont marqués par des souffrances psychologiques et/ou physiques qui continuent à perturber la vie de l’individu bien longtemps après le ou les évènements. Au quotidien la personne souffre de ses croyances limitantes, d’une mésestime de soi, de honte aussi souvent. La ou les parties blessées continuent de souffrir. Il est nécessaire de proposer une écoute et un accompagnement particuliers.

La thérapie IFS peut s’avérer être une aide précieuse pour ces parties de soi qui ont besoin d’être accueillies et soulagées. mais il existe également d’autres approches reconnues comme l’EMDR, l’ICV, entre autres…. Si vous souffrez de traumatisme et que vous souhaitez entreprendre un travail sur vous, choisissez soigneusement votre thérapeute. Quelque soit sa pratique théorique, l’important est la qualité relationnelle et l’écoute bienveillante qu’il pourra vous apporter.

 

Instinct de survie et IFS - Mars 2020

Récit tiré de l’émission les Pieds sur Terre, diffusé le 6 novembre 2019 sur France Culture

Stéphanie a subi une agression dans la rue. Voici comment elle raconte cet évènement.

Elle rentre chez elle et marche seule dans la rue, il est tard. Elle remarque bien un homme qui la suit mais elle l’oublie aussitôt. Il se jette sur elle quand elle entre dans son immeuble. Il la plaque au mur et la menace de son arme qu’il place sur sa gorge lui ordonnant de se taire.

Aujourd’hui, elle se questionne encore sur ce qu’il s’est passé et notamment sa réaction, en fait ses réactions, les voici énumérées :

-       1000 pensées l’assaillent, 1000 idées la traversent

-       Par exemple : elle se dit « ouf ! ma fille est en sécurité »

-       Mais aussi, « il faut que je fasse ma valise car demain je pars en vacances »

-       Et encore, « mais est-ce que je vais lui obéir à ce type ? »

Elle se rappelle aussi qu’à ce moment-là elle ressent une force extraordinaire dans son corps. Tous les bruits lui parviennent amplifiés : ceux de la ville, les battements de son cœur, elle voit plus nette, plus loin, une force étrange s’empare d’elle qui lui donne l’énergie de repousser son agresseur, se redresser, respirer le plus profondément possible et crier, même si elle a peur qu’aucun son ne sorte. 

Pourtant elle y parvient et elle se sent si forte, tellement en colère aussi, qu’elle se dit qu’elle serait capable de tuer cet homme. Il prend alors peur, la lâche et se sauve.

Elle continue à crier au secours puis s’effondre comme une poupée de chiffon.

Il lui faudra du temps pour s’en remettre et comprendre. Elle imagine que c’est son instinct de survie qui l’a sauvé. 

Ce récit m’a tout de suite donné envie d’en faire une relecture à travers le prisme du système familial intérieur de Richard Schwartz, l’IFS.

En effet, on peut repérer aisément plusieurs parties de Stéphanie qui s’activent simultanément, chacune argumentant selon sa préoccupation d’où la perception d’avoir 1000 idées qui se bousculent dans la tête.

-       On peut imaginer qu’une d’entre elles tente de rassurer Stéphanie sur le fait que sa fille est en sécurité et qu’elle n’a rien à craindre quoi qu’il arrive à sa mère.

-       Une autre semble s’inquiéter de savoir si elle aura tout de même le temps de faire sa valise car les vacances sont pour demain.

-       Une et même plusieurs parties corporelles s’activent également, Stéphanie sent ses sens aiguisés et une force incroyable l’envahir.

De prime abord, Stéphanie tourne son attention sur des actions terre à terre, peut-être pour trancher et mettre à distance la perception du risque imminent. 

Puis son corps réagit (bouillonne et sent une force extraordinaire) et s’active une part révoltée qui questionne « mais tu ne vas pas te laisser faire tout de même ? »

Stéphanie mobilise alors une force extraordinaire en elle qui lui permet de repousser l’agresseur. Son corps lui dicte de se redresser et de crier. Elle y parvient et fait fuir son agresseur qui prend peur devant tant d’énergie mobilisée et de détermination.

Cette multiplicité de réactions ont un point commun, l’intention d’aider Stéphanie à se sauver de son agresseur, une force vitale. La réaction de l’agresseur, qui va fuir devant une femme acculée contre un mur et désarmée, me laisse penser que cette énergie, cette force intérieure a été perçu par cet individu. 

Ces interprétations ne sont que des hypothèses et n’ont pas la prétention de refléter la réalité de ce qu’aurait vécu Stéphanie.

 

L’entretien d’explicitation : un outil puissant - Février 2020

Dans le cadre de l’accompagnement des équipes, j’apprécie de questionner le comment d’une action professionnelle, grâce à la technique de Pierre Vermersch. Cette position réflexive permet à la personne d’identifier ses ressources et ses compétences professionnelles.

L’entretien d’explicitation consiste à s’appuyer sur le rappel d’une situation passée et plus précisément d’un moment précis qui fera sens grâce à la verbalisation des actions successives qui constituent cette situation.

Ce travail de mémoire facilite la reviviscence du déroulement de l’action cible, étape après étape, il rend conscient les intentions, les pensées, les interprétations, aide à l’identification de ce qui fait sens et connecte l’individu à ses ressources professionnelles.


J’ai également fait l’expérience d’utiliser cette technique auprès d’une personne souffrant de troubles mnésiques. Associer à la remédiation cognitive, la personne a pu prendre conscience de ses stratégies de travail, de mémorisation et de récupération de l’information, lui permettant ainsi d’être plus en confiance avec ses capacités cognitives en générale, et mnésiques, en particulier.